10 juin 2013

L'île de Tôkyô - Natsuo Kirino

Éditeur : Seuil (Roman)
Date de sortie : 2013

Résumé :
Une vingtaine de naufragés japonais se sont réfugiés sur une île au large des Philippines. Kiyoko - la seule femme présente - y est arrivée la première, avec son mari (mais il a disparu, tombé du haut du cap Sayonara, avant même le début du livre). Bientôt une dizaine de Chinois les rejoignent, qui se révèlent aussitôt industrieux et inventifs, créant une économie de survie à partir de presque rien, là où les Japonais gaspillent leur énergie en artisanat décoratif et vaines activités. Bien qu'âgée de 46 ans déjà, Kiyoko est l'objet de toutes les convoitises, et fait figure de femme fatale car tous ses maris successifs sont assassinés.
La rivalité qui oppose les deux clans, chinois et japonais, n'est pas seulement économique... Les insulaires mènent une vie sauvage et primitive et leurs rapports se dégradent au fil du temps, tandis que parallèlement, la personnalité de Kiyoko devient de plus en plus agressive et dominante.

Une vision très cruelle de la violence des rapports humains et de la sexualité s'exprime ici, de manière intemporelle.


Mon avis :
J'ai beaucoup aimé ce livre, l'histoire est assez originale, bien que parfois, elle se rapproche un peu de la série Lost (un naufrage, une île, des personnes qui essaient de survivre...c'est difficile de ne pas voir de similitudes). Mais dans ce livre, contrairement à la série, les personnages sont traités de manière crue, certaines scènes sont assez violentes, et on sent bien la folie ambiante. Il y a beaucoup de naufragés, et parfois, j'ai eu du mal à me rappeler de certains, d'autant plus que l'auteure n'en détaille que quelques-uns, peut-être les plus importants.

On a ici comme un concentré de la société japonaise, un portrait peu flatteur dont les défauts sont exacerbés par le fait que les naufragés sont sur une île déserte, et n'ont plus à cacher leurs déviances, et à faire "bonne figure" au sein d'une société.

3 juin 2013

Les bébés de la consigne automatique - Ryû Murakami

Éditeur : Picquier Poche
Date de sortie : 1998

Résumé : 
Hashi et Kiku, deux bébés abandonnés dans une consigne de la gare, passent leur petite enfance dans un orphelinat. La recherche de leur identité les entraînera dans les bas-fonds de Tokyo, où Hashi se prostitue avant de devenir un chanteur de rock-acidulé, tandis que Kiku, champion de saut à la perche, se retrouve en prison pour matricide.
Le roman suit en parallèle les destins des deux frères, décrivant le mécanisme qui les pousse à revivre sans cesse le traumatisme de leur enfance, racontant comment ces enfants purs et attachants passent du statut de victimes à celui de bourreaux. [...] Mais les héros de Murakami, descendants de Nimier, Salinger ou Fitzgerald, ne se suicident plus, ils assassinent.




Mon avis :
Un livre vraiment étrange (je m'y attendais un peu), qui m'a mise mal à l'aise quelquefois, comme si je tombais dans un nid de sociopathes. D'être la spectatrice de la construction de deux "frères" très différents, avec un lourd passif, mais qui se rejoignent dans leur manière dissociée d'appréhender la vie, les relations avec les autres.
C'est une vision tellement cruelle, sanglante, et brutale, que même les beaux sentiments n'y résistent pas (sauf s'ils sont nés dans la douleur). Malgré toute cette débauche, on aime suivre la descente aux enfers de ces deux enfants qui ont chacun à leur manière survécu à une consigne automatique. Et qui nous laissent avec une impression de fine pellicule de graisse sur la peau…

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...